ETHEU 100046

statue de Sainte Marie-Madeleine

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100046
Marie-Madeleine ou Marie d’Égypte
Suisse, Valais, Leytron
Seconde moitié du 17e siècle
Bois polychrome
H 93 cm, l 30 cm, pr. 27 cm
Collection Georges Amoudruz acquise en 1976
MEG Inv. ETHEU 100046



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Les rares notes de Georges Amoudruz sur cet objet relatent que la statue fit le frais de la pudibonderie ecclésiastique, fut sortie de l’espace consacré, puis vendue. Malheureusement les renseignements fournis sont trop fragmentaires pour être vérifiés mais entrent en résonance avec la légende qui entoure des figures féminines.

Marie Madeleine et Marie l’Égyptienne sont représentées vêtues de leur chevelure et portant les insignes de la mortification. Similitudes et superpositions, les rendent parfois difficiles à distinguer. Le cœur, normalement attribué à La Vierge, accentue ici la confusion. Dans la foi populaire, plusieurs figures féminines de l’Évangile fusionnent en un symbole de l’amour terrestre qui a trouvé le salut et atteint la clairvoyance.

Marie l’Égyptienne est une sainte qui aurait vécu au 5ème siècle en Palestine. Avant sa conversion elle vendait son corps, puis elle se fit pénitente (elle est généralement représentée avec trois pains entre les mains). Marie de Magdala (l’iconographie l’entoure du crâne et la croix), quant à elle, fut disciple du Christ et a été, selon les exégèses, associée à Marie de Béthanie ou à la femme pècheresse qui lave les pieds de Jésus avec ses larmes et les sèche avec ses cheveux.
Malgré le temps qui les sépare les deux femmes, les deux cultes se sont installés entre le 4ème et le 6ème siècle dans l’Eglise d’Orient, puis introduits en Occident, par les ordres prêcheurs ou ils rencontrent un succès important qui n’a jamais faibli. Elles restent particulièrement chères à ceux qui traversent des difficultés sociales et sont tout particulièrement vénérées par les femmes.

La figure de marie Madeleine semble désormais être la plus connue, d’autant plus qu’elle a été la patronne de nombreuses institutions religieuses (caritatives ou coercitives) s’occupant des femmes et de la jeunesse. De même l’identification erronée de Marie Madeleine avec une catin reste vive dans la tradition populaire. Cette thématique, comme celle d’une liaison spirituelle et charnelle entre la Madeleine et le Christ, ont été reprise par plusieurs fictions et œuvres cinématographiques destinées au grand public.
Encore aujourd’hui beaucoup de croyants choisissent de s’adresser à elle dans les moments de transition de leur vie ; mais le plus ancien culte adressé à Marie Madeleine est attesté dans le rituel pascal de l’Église Orientale. On y célèbre - dans le deuxième dimanche après Pâques - « les mirophores » ces femmes qui se rendirent au sépulcre pour enduire d’onguents le corps martyrisé du Christ. Elle est la seule de ces figures à être clairement identifiée, liant étroitement son image d’amante mystique à une certaine idée de la pitié tendre et physique que même la mort ne peut anéantir.
Dans un des évangiles apocryphes (Vangelo di Filippo - codice II, 51, 29-86, 19, in I vangeli gnostici, a cura di Luigi Moraldi, Adelphi, Milano, 1995, pag.157) est relaté un épisode de la vie de Marie Madeleine qui la relie à la tradition pascale des œufs colorés. Marie Madeleine aurait été à la rencontre de l’Empereur Tibère- pour lui annoncer la résurrection du Christ – lui tendant un œuf immaculé. L’empereur se moque et doute de ses paroles disant qu’elles avaient la même probabilité de se réaliser que celle de l’œuf en sa main de devenir rouge. La légende veut que l’œuf ait changé à l’instant de couleur et que la femme s’exclamât « Christ et ressuscité ! ». La même expression accompagne encore la bénédiction des œufs peints et coloré pour Pâques.

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