ETHEU 106304

couloir à lait, entonnoir

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106304
Entonnoir folle ou "couloir à lait" utilisé pour le chant du soir
Suisse, Valais, Chablais
Vers 1900
Bois
H 34 cm, diam. 30 cm
Collection Georges Amoudruz, acquise en 1976
MEG Inv. ETHEU 106304



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Musique vocale parmi les plus anciennes de Suisse, le chant du soir ou Bettruef est à la fois appel et invocation. Sa puissance protectrice s’étend aussi loin que porte la voix (d’où l’usage du folle pour en augmenter la puissance). À l’heure des vêpres, l’armailli demande à Dieu, à la Vierge et aux saints de veiller sur l’alpage. Aujourd'hui encore, elle est récitée à la manière d'une prière après la traite du soir.

Renward Cysat, chancellier de Lucerne, écrit en1565 :"Quand sonne l'Ave Maria, les bergers recommandent bêtes et gens à la grâce de Dieu et de sa digne Mère, la reine des cieux", les priant "de protéger ce lieu de tout mal et mauvais esprit, de lui donner la prospérité et d'en détourner les malheurs".
Psalmodié, sur une gamme de quatre ou cinq tons à la manière du chant grégorien, le Bättruef est propre aux régions alpines de la suisse alémanique catholique (Uri, Schwytz, Unterwald, Lucerne, Appenzell, Rhodes-Intérieures, Saint‐Gall, Haut‐Valais et Liechtenstein). Considéré comme une coutume teinté de paganisme il fut interdit par les autorités en 1609. Plus tard des nouvelles versions, purgées de leur ambiguïté, furent proposé par les jésuites obwaldien. Max Peter Baumann de l’université de Fribourg, évoque notamment à ce sujet l’œuvre de Johann Baptiste Dillier et le remplacement presque systématique du mot Loba (par lequel on hèle les vaches) par Gott ze lobe (pour l'amour de Dieu).
Plusieurs version de l’invocation sont attesté, mais malgré les différences la valeur du chant perdure et peuvent y être intégrés les apports d’autres instruments, notamment celle des cloches du bétail.

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L’équilibre du travail

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Travailler avec les saisons

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