Le culte des saints est une pratique diversement attestée dans les trois religions du livre. Pour certaines confessions chrétiennes, le phénomène prend essor dans l’Antiquité tardive. Il en hérite la perception que le divin soit une dimension familière à la proximité immédiate. Il reste pourtant irréductible à ses multiples influences. Entre la hiérarchie des Églises et les fidèles, les usages divergent et, parfois, se contredisent. Le thème de la Vierge à l’Enfant se codifie au Moyen Âge sous l’influence byzantine et indique symboliquement la relation entre l’Église et le Christ. Entre le XIIe et le XIVe siècle, la spiritualité des ordres mendiants apporte aux représentations une humanité nouvelle. La statuaire populaire traduit cette influence en reproduisant souvent la Madone dans l’attitude humble d’une mère tendre et aimante. Le geste de l’enfant qui tire les pans du voile maternel rappelle que Marie a porté, plus que quiconque, la douleur inhérente à la condition humaine. Ainsi la pitié populaire lui adresse une dévotion particulière qui s’apparente à une relation filiale s’attachant à son « carisma curationis », sa capacité de guérir les corps affligés et d’apaiser les tourments de l’âme. Reine et mère, la Madone est par excellence la médiatrice entre le Ciel et la Terre ; tolérante et bienveillante, elle intercède pour les hommes dont il a connu la condition sans en partager les défauts.