Textes de l'exposition

2. L'harmonie rompue

Pour expliquer l'avènement de la vie telle que nous la connaissons avec ses tracas et ses souffrances, la légende invoque l'orgueil des hommes, la curiosité des femmes, la gourmandise des oiseaux ou encore le mauvais esprit des reptiles.

Péché originel, erreur de jugement, sottise… peu importe par qui ou comment arrive le malheur, les conséquences sont épouvantables. Que l'on vive sur terre ou dans la mer, que l'on rampe ou que l'on vole, que l'on soit humain, animal ou végétal, chaque être se retrouve isolé.

Nous devons tous composer avec le hasard, la précarité, les dangers et la souffrance. Ayant été privés de la capacité à nous entendre, l'existence devient un combat et la vie une épreuve. La perte du Paradis entraîne celle de la langue du partage. Sans mots pour le dire, nous ne sommes plus à même de reproduire l'expérience de la communion, voire de nous en souvenir pleinement. Les compagnons d'autrefois sont devenus proies ou prédateurs.

Lorsque l'on pleure le Paradis perdu et sa langue mythique, nous regrettons en réalité une intelligence commune et une meilleure version de nous-mêmes.

© MEG, J. Watts