ETHEU 007291

masque de Carnaval

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007291
Masque Roitschäggaätä
Suisse, Valais, Lötschenthal, Kippel
19e siècle
Bois, dents animales
pr. 15.5 cm, l 32.2 cm, H 53.1 cm
Acquis par l’intermédiaire du Dr Léopold Rütimeyer en 1917
MEG Inv. ETHEU 007291



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Cette pièce historique a été achetée par l'intermédiaire du Dr Léopold Rütimeyer du musée de Bâle. Le masque en bois sculpté et peint, à mâchoire articulée était complété par une peau d'agneau (postérieure) faisant corne. Le registre d'inventaire en fait mention mais cet accessoire technique à depuis disparues ou a été perdu.

Les mascarades alpines sont des rites d’inversion rudes et provoquants. Par la transgression elles formulaient une critique vigoureuse et dépersonnalisée de l’ordre social. Au 20ème siècle l’intérêt des touristes et des scientifiques assagit les comportements, alors que le choix des collectionneurs en exacerbe le style. Autrefois réservés à la jeunesse masculine, les déguisements se perpétuent dans un registre plus ludique mais ces visages difformes restent des objets prisés.


Après avoir vu au Musée national de Zürich en 1898 les roitschäggättä collecté par Friedrich Gottlieb Stebler, Léopold Rütimeyer se passionne pour le Lötschental et, en 1905, rassemble le même type de collection pour le musée d’ethnographie de Bâle, puis il accompagnera Eugène Pittard dans l’acquisition de quelques masques pour le Musée d’Ethnographie de Genève. (363)

Rütimeyer considère le tschäggättä et ses masques si particuliers comme des « survivances » préhistoriques. Suivant les théories d’Edward Tylor (1871) il estime que ces pratiques sont issues de la culture matérielle et spirituelle d’une « humanité des origines ». S’appuyant sur les travaux d’Eugène Pittard (notamment Crania helvetica I: les crânes valaisans de la vallée du Rhône 1909-10) Rütimeyer estime que cette Urmenschheit serait incarnée dans le Lötschental par des représentants du type de l’homo alpinus. (515)
En 1905, lors d’un séjour à Blatten, en Rarogne occidental, Rütimeyer collecte un récit qu’il présentera par la suite comme le noyau étiologique légendaire à l’origine des mascarades tschäggättä. La légende narre que des voleurs hantaient autrefois les forêts profondes de la rive d’ombre. Ces hommes appelés Schurten Diebe, auraient eu l’habitude de piller les villages de la rive ensoleillée et de revêtir masques et peaux de bête pour cacher leur identité lors des razzia.

L’exégèse du tschäggättä proposé par l’ethnologue bâlois, aura une large diffusion dans tous les milieux sociaux et sera même reprise par le prieur Johann Siegen (1886-1982). Ainsi elle deviendra la référence sur laquelle les habitants du Lötschental s’appuieront pour construire leur propre récit étiologique. On retrouvera donc cette explication, dans les données collectée par plusieurs générations de journalistes et d’ethnologues. (434)

Dans les années 1930 les groupes implique dans le Tschäggättä participèrent, à l’élaboration de la « Défense spirituelle » de la Confédération étant considérée comme la quintessence de l’âme du peuple suisse des origines. Des roitschäggättä furent présentés à l’Exposition nationale de Zurich en 1939 et à l’Exposition universelle de New York la même année. (352)
(FTA 31.10.2019)

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Registres d'inventaires historiques

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Registre d'inventaire original - non indexé
Registres_inventaire_original/Registre_02_006686_008774.pdf

 

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Bibliographie

  • Vallerant, Jacques. 1974. Réflexions à propos de la collection de masques du Lötschental. Genève : Bulletin annuel du Musée d'Ethnographie, No 17-18

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