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Musée Ariana

Eric James Mellon

Aux confins de l’illustration céramique.



LE THÈME DE LA TENDRESSE


Le thème de la tendresse, développé par Mellon à partir de 1979, est sans doute le sujet le plus fécond et complexe dans l'œuvre de l'artiste. En contraste avec ses recherches sur le thème de la mort, Mellon explore ici l'amour entre l'homme et la femme. Des couples nus s'étreignent avec tendresse, sous le regard bienveillant de Séléné, la déesse de la lune. Leur enlacement et leurs visages – n'en formant souvent plus qu'un seul – traduisent une union parfaite du corps et de l'esprit. Les amants disposent souvent d'un compagnon personnel : le renard pour l'homme et la sirène pour la femme. Plusieurs motifs ou figures enrichissent les décors dédiés à la tendresse, à l'amour, à la renaissance, parmi lesquels la sirène, le renard, le coq, la bicyclette, le lion ou la lionne et le cheval.


PORTRAITS ET NUS


De par sa formation artistique classique, Mellon s'est rapidement familiarisé avec l'art du portrait et la représentation des nus. Même s'il prend par la suite des libertés dans la rigueur du dessin, l'artiste reste encore aujourd'hui profondément influencé par son parcours académique. En témoignent par exemple ses multiples dessins et gravures dont il transfère ensuite le sujet sur ses œuvres céramique, ses nus avec miroir, influencés de compositions de la Renaissance, les angles de vue très divers que l'artiste choisit pour représenter ses figures (de dos, couchées, dessinées en perspective plongeante ou en contre-plongée, etc.) ou encore ses portraits d'après des modèles féminins dévêtus ou non.


La femme occupe une place privilégiée et prédominante dans l'œuvre de Mellon, reflétant sa fascination pour la beauté féminine. Elle est toujours valorisée et représentée sous un aspect positif.


Les portraits et les nus égrainent les récits illustrés de Mellon tout au long de sa carrière. Parmi ses récents travaux (2011) figurent plusieurs séries de portraits de jeunes femmes, parmi lesquels Carlene, modèle et assistante de l'artiste, toujours accompagnée de son coq Percy

LE RENARD


Le motif du renard apparaît chez Mellon dès 1975. Il accompagne l'homme dans le couple d'amants du thème de la tendresse. Mellon choisit le renard comme élément protecteur de l'amour, en fonction de son personnage dans le Petit Prince de Saint-Exupéry, lorsque le renard livre son secret au Petit Prince : « It is only with the heart that one can see rightly ; whats is essential is invisible to the eye ». Mellon fait du renard sa marque d'artiste, apposée dès 1979 au revers de toutes ses pièces.

LES LIONS


Tout comme les sirènes, généralement réputées pour être de funestes séductrices, le lion et la lionne, qui s'invitent dès 1986 dans les représentations, sont loin d'être dangereux. Dans la civilisation minoenne notamment, le lion est considéré comme le symbole d'une nouvelle vie, d'un recommencement. Proche des amants de Mellon, il s'impose comme un protecteur de leur amour.

LA BICYCLETTE / THE BICYCLE


La bicyclette intègre les décors en 1982, suite à la lecture du roman de Flann O'Brien Le Troisième policier. Sa symbolique se rapporte au cycle du temps et de la naissance, fruit de l'amour. La bicyclette est le plus souvent surmontée d'une femme nue ou d'une sirène. Dans les roues du vélo s'inscrivent des figures ponctuant le thème de la tendresse : soit le visage de Séléné, soit le couple enlacé ou encore un nouveau-né.

Commissaire d'exposition: Isabelle Neaf Galuba