Genève, ville durable pour touxtes!

Depuis 2013, la Ville de Genève propose une campagne de sensibilisation autour de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie du 17 mai. Chaque édition explore un thème différent à travers un affichage public, ainsi que des rencontres et des actions de sensibilisation élaborées avec de nombreuses associations et institutions partenaires.

Intitulée "Genève, ville durable pour touxtes !", la campagne 2024 s'intéresse à l'inclusivité comme condition sine qua non de la construction d'une société durable. Les personnes LGBTIQ+ sont particulièrement impactées par le changement climatique et les inégalités sociales croissantes, pourtant la prise en compte des enjeux qui les concernent au sein des politiques et des programmes de durabilité se fait attendre, à l'image des 17 objectifs et 169 cibles du développement durable de l'Agenda 2030 (ODD) de l'ONU dont ils sont notablement absents. Les 17 objectifs du développement durable et les 169 cibles qui en découlent établissent une liste ambitieuse de mesures à mettre en place en vue de construire une société durable. Ils tiennent compte des dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable. Les ODD doivent être atteints par tous les États membres - incluant la Suisse - de l’Organisation des Nations Unies d’ici à 2030. Cela signifie que tous les pays sont appelés à relever conjointement les défis urgents de la planète.

Seule la déclaration commune des États de ne laisser personne de côté (leave no one behind) lors de la ratification de ces objectifs permet de réfléchir la place des personnes LGBTIQ+ au sein de ces objectifs, et plus largement au sein des politiques de durabilité. C'est d'ailleurs sur cette base que les organisations civiles ont été les premières à réclamer une meilleure inclusion de l'Agenda 2030, avant d'être suivies ces dernières années par les plus hautes instances internationales, comme le Programme des Nations unies pour le développement ou l’Agence des droits fondamentaux de l’Union Européenne :

• Faisant office de pionnière en la matière, la Fédération Suédoise des Droits des Lesbiennes, Gays, Bisexuels, Transgenres, Queer et Intersexes (RFSL) s'est très tôt intéressée aux liens entre développement durable et droits des personnes LGBTIQ+. Dans un rapport de 2020, publié avec l’Institut Danois des Droits de l’Homme (DIHR), elle examine les moyens d'utiliser les objectifs du développement durable de l'Agenda 2030 pour promouvoir les droits des personnes LGBTIQ+.
• Un panel d'experts et d'expertes des droits humains publiait le 17 mai 2018, sous l'égide du Haut-Commissiariat des Nations Unies aux Droits de l'homme, une déclaration commune exhortant "les États et les autres parties prenantes à adopter toutes les mesures nécessaires pour s'assurer que l'obligation des États de lutter contre la violence et la discrimination fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre demeure fermement inscrite à l'ordre du jour de l’agenda 2030, et d'inclure les personnes, communautés et populations lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) dans la conception, la mise en œuvre et l'évaluation de toutes les politiques pertinentes." Selon ce document, "les engagements de la communauté internationale en matière de développement, qui s’inscrivent dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD), exigent qu'une attention immédiate soit accordée à l'exclusion systématique de ces groupes, communautés et populations: pour s'assurer que personne n'est laissé pour compte, des mesures doivent être prises pour faire tomber les barrières systématiques qui excluent les personnes LGBT des avantages du programme de développement."
• Dans un manuel destiné aux parlementaires pour promouvoir les droits humains et l'inclusion des personnes LGBTI en 2022, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) rappelle que "nous devons tous être inclus dans le développement humain, quel que soit notre genre, notre identité ou expression de genre, notre orientation sexuelle ou nos caractéristiques sexuelles biologiques" et que "la réalisation [des] objectifs [du développement durable] ne sera possible que si les personnes LGBTI, comme tout autre groupe de population, sont incluses". Pour mieux évaluer l'inclusion des personnes LGBTIQ+, le PNUD a développé avec la Banque Mondiale un indice de référence, couplé aux ODDs.
• L'International Lesbian, Gay, Bisexual, Trans and Intersex Association (ILGA) a développé un programme de sensibilisation sur les ODDs et leur connexion avec les droits des personnes LGBTIQ+, notamment à travers des capsules vidéos.

Ces initiatives, comme de nombreuses autres, font montre de l'extraordinaire capacité d'adaptation et de proposition des personnes marginalisées et des mouvements citoyens qu'iels nourrissent. Le panorama actuel, entre crise climatique et économique, guerres et montée des populismes et des discours réactionnaires et transphobes, est souvent sombre, c'est justement à la marge qu'il faut regarder pour retrouver de l’espoir et s’apercevoir que de nombreuses initiatives existent pour lutter, penser et agir pour une société plus solidaire, inclusive et écologique.

La campagne 2024 de la Ville de Genève interroge la façon particulière dont les personnes LGBTIQ+ sont impactées par les inégalités sociales et le changement climatique et explore comment ces populations, dotées d'une importante histoire de lutte et de résilience, sont force de propositions novatrices face aux défis collectifs de notre époque.

Pour sensibiliser la population genevoise aux réalités LGBTIQ+ dans les domaines de la durabilité, les affiches de la campagne détailleront par 10 informations factuelles les liens trop souvent impensés entre ces enjeux croisés.

Cette année encore, un riche programme de rencontres, de discussions et d'ateliers vous est proposé du 15 au 26 mai, en partenariat avec de nombreuses associations et institutions. La campagne débutera le 15 mai, avec la venue du journaliste et activiste Cy Lecerf Maulpoix, auteur d’Écologies déviantes - Voyage en terres queers à l'ESPACE tiers-lieu d'Après. La soirée sera ouverte par Alfonso Gomez, Maire de la Ville de Genève et Conseiller administratif en charge de l'égalité et de la diversité.

Le langage inclusif est ici privilégié, soit un style d’écriture qui se veut non-discriminant et qui inclut le féminin, le masculin, mais également une pluralité d'identités de genre par l’usage du «-x-». Le langage inclusif étant en perpétuelle évolution, les modalités utilisées dans la présente communication restent perfectibles. De plus, les descriptions relatives aux individus mentionnés dans la présente communication respectent les formes souhaitées par les personnes concernées.

Un lexique vous aide à comprendre les termes utilisés.

Informations pratiques
Programme événementiel dès le 15 mai.
Découvrez les visuels de la campagne, visibles du 13 au 26 mai dans les rues et parcs de Genève.